Lorenzo avait prit contact avec un gros fournisseur de drogue japonais, à Tokyo. Celui-ci fournissait de l'héroïne de mauvaise qualité, mais bel et bien vendable. La mauvaise qualité au japon était similaire à la qualité moyenne à Denroy...comprennez donc quelle pourriture circulait dans les rues de cette ville !
Lorenzo, habillé de son habituel costume croisé noir de haute qualité (avec mouchoir dans le revers de la veste), avait fait ses bagages pour le Japon. Après avoir remit les clés de l'appartement au propriétaire pour deux jours, il se rendit à l'Aéroport.
A l'aéroport, il alla demander un billet pour le premier vol vers Tokyo. Sans halte, si possible. On lui dégota une place sur un avion, en première classe, qui partait à Tokyo dans une demi-heure, c'est à dire à 6 heures 30 du matin. Il commanda un café et attendit de pouvoir embarquer.
Une fois à l'intérieur de l'avion, il commanda une coupe de champagne et consulta la presse. Il y avait eu une crise politique au Sierra Leone et on dénombrait deux meurtres sur la même soirée à Miami. Réjouissant, tout cela.
Après de nombreuses heures de vol, le pilote annonça l'arrivée imminente à Tokyo. Lorenzo déclina la proposition d'un nouveau verre de champagne et se plongea dans la contemplation du ciel. Une fois arrivé, il descendit de l'avion et récupéra ses bagages. Il réserva une suite à l'hôtel "Dragon Rouge" et s'occupa de son prochain rendez-vous avec Lee Hong, gros fournisseur d'héroïne.
Le soir même, il avait rendez-vous avec celui-ci dans un de ses multiples appartements à Tokyo. Il s'approcha de l'immeuble et entra. Un nippon qui arborait à travers une chemise de soie un pistolet mal dissimulé lui fit signe de le suivre et ils prirent l'ascenceur vers l'appartement.
Ce n'était qu'un simple appartement, car il ne servait qu'aux discussions avec les acheteurs. Lee Hong attendait là, gros, la bouche molle et les yeux doux. Il s'enquit d'une voix mielleuse de la santé de Lorenzo, qu'il connaissait sous le faux-nom de Antonio Montoni.
-Alors, monsieur Montoni, faison affaire.
Lorenzo prévoyait un gros achat. Il avait changé ses 3000 $ américain contre leur équivalent en yen. Un dollar valant 108 yen* et des poussières, il se retrouvait avec 300 000 yen et quelques, quelques qu'il avait donné à un de ses amis.
-Je compte vous acheter une grande quantité d'héroïne. Dix yen le gramme, comme prévu ? Ne nous cachons pas la vérité, c'est de la qualité médiocre. Je ne compte pas déverser un sou de plus pour cela.
Le japonais comprennait. Il avait d'ailleurs l'habitude de vendre son héroïne à dix yen le gramme. Il en avait beaucoup, mais de la mauvaise. Bah, il gagnait déjà assez d'argent comme ça et comprennait "Montoni".
-Combien de yen avez vous à proposer ?
Lorenzo répondit directement :
-J'ai 300 000 yen. Etant donné que je vous achète le gramme à 10 yen, je vous achète pour 30 000 grammes d'héroïne. Autrement dit 30 kilogrammes.
Le japonais réfléchit un moment et écouta attentivement ses explications, histoire de voir s'il le trompait. Mais l'Italien ne trichait pas. Il était honnête en affaire, et Hong aimait ça.
-Très bien, monsieur Montoni. Mais expliquez moi...comment comptez-vous transporter l'héroïne jusqu'aux Etats Unis ?
Lorenzo sourit, d'un sourire très particulier, et dit :
-Je vous ai apporté 30 000 yen pour vous occuper vous même de la livraison.Il y a assez d'argent pour payer la douane. Je repartirai sur le même bateau que la drogue.
Il avait changé 300 $ contre 30 000 yen et avait fait une belle offre à Hong. Ce n'est pas tout les jours que le japonais voyait quelqu'un d'aussi généreux. 30 000 yen juste pour le transport de la marchandise et de lui-même jusqu'à Denroy-City !
-Affaire conclue ?
Le japonais sourit et découvrit ses dents blanches. Ses yeux se plissèrent, comme d'habitude lorsqu'il souriait, et il dit:
-Content d'avoir fait affaire avec vous monsieur Montoni.
* Certifié. 1 dollar vaut 108 yen ( et des centimes)